La voie de l\'excellence / Français Second Cycle

La voie de l\'excellence / Français Second Cycle

Le XIXe siècle français

INTRODUCTION AU XIXe SIECLE Français

Héritier d’une révolution inachevée, le XIXe siècle était voué au changement et aux crises.  En effet, dans ce monde en mouvement, la question du rapport de l’art au monde moderne a suscité la création de courants artistiques nouveaux, en rupture avec les formes d’art établies. Il s’agit du Romantisme, du Réalisme, du Naturalisme, du Parnasse et du Symbolisme. C’est dire donc que c’est au XIXe siècle que s’est constitué l’univers littéraire que nous connaissons aujourd’hui.

I – Le Contexte Idéologique

Le débat sur les questions politiques et sociales opposait, au XIXe siècle, les partisans du mouvement et ceux de la réaction. De fait, qu’ils aient accompagné ou critiqué l’évolution de la société, les écrivains lui sont rarement restés étrangers, d’autant que l’accélération de l’histoire rendait ces problèmes plus aigus. Certains comme Chateaubriand, Lamartine, Hugo et Barrès, qui ont aussi été des hommes politiques, sont intervenus directement dans les affaires de leur temps.

En interpellant le président de la République avec son célèbre « J’accuse » (1898) Zola a joué un rôle décisif dans le combat contre l’antisémitisme, le nationalisme et la raison d’Etat, qui a permis de faire reconnaître l’innocence du capitaine Dreyfus. Mieux, l’expansion industrielle ayant donné naissance à un prolétariat, concentré dans les grandes villes ou près des lieux de production, et soumis à des conditions de vie et de travail misérables, Zola dénonce dans Germinal (1885) cette misère sociale. Il décrit avec une grande précision le travail des mineurs et le mécanisme de leur exploitation tout en affirmant la nécessité d’une meilleure répartition du travail et des richesses. Zola donne ainsi l’exemple aux intellectuels, écrivains, artistes et savants qui désormais se sentent responsables et s’impliquent dans les affaires de la cité.

Beaucoup d’écrivains en  prenant position dans leurs œuvres s’érigent en défenseurs des valeurs fondamentales. Victor Hugo dans Les Châtiments  a composé une violente satire du régime et du personnel politique du Second Empire. D’autres se présentent comme des observateurs lucides d’une société où triomphe les ambitieux et les cyniques comme Rastignac (Balzac, Le Père Goriot), les Rougon (Zola, Les Rougon-Macquart) ou Duroy (Maupassant, Bel-Ami).

La nouveauté en ce siècle est le fait que le roman s’est intéressé à des événements politiques immédiatement contemporains : Balzac a ainsi présenté la révolution de 1830 comme un tour de passe-passe permettant à la bourgeoisie d’affaire de prendre le pouvoir (La Peau de chagrin, 1831).

Plus généralement, les transformations économiques et sociales et les débats idéologiques ne pouvaient laisser les écrivains indifférents. La notion de progrès, plus encore qu’au XVIIIe siècle, devenait essentielle. Les succès des sciences expérimentales ont développé le positivisme : la part du religieux et du spirituel a été réduite jusqu’à la fin du siècle, marquée par un retour de l’irrationnel et du mysticisme.

Si le prestige de la science a conduit beaucoup d’écrivains (comme les romanciers réalistes et naturalistes) à valoriser l’observation des faits sociaux et la recherche de la vérité, tous n’adhéraient pas au mouvement général de leur époque. Balzac et Baudelaire y voyaient une décadence morale, Flaubert a exprimé ses sarcasmes contre le monde « moderne » en se moquant du pharmacien Homais (Madame Bovary, 1857), chez qui l’idéal progressiste des Lumières est devenu le masque de l’appétit de parvenir. Hugo et Zola, au contraire, confiants dans les pouvoirs de la science et de l’éducation, se sont montrés plus optimistes, jusqu’à l’utopie dans le cas de Zola, dont les derniers romans (comme Travail en 1902) militent pour l’instauration d’une société idéale fondée sur l’amour, l’éducation, la science, le travail et une juste distribution des richesses.

 

II – Une Esthétique de la Modernité

Prenant conscience du fait que « l’ancien régime littéraire » n’était plus adapté à la société nouvelle, les écrivains du XIXe siècle en appelaient de leurs vœux à une esthétique de la modernité. Déjà, Stendhal renvoyait au passé les tragédies de Racine, au moment où en 1830, Madame de Staël considérait « la poésie classique comme celle des Anciens » (De l’Allemagne).

De fait, libérée d’un respect sclérosant pour les œuvres classiques, la littérature française de la première moitié du XIXe siècle va ainsi être marquée par un renouvellement des thèmes et des formes, en poésie d’abord par Lamartine grâce à ses Méditations poétiques (1820), au théâtre ensuite par le géni de Victor Hugo qui publie en 1830 Hernani.  C’est la naissance du mouvement romantique.

Lié à l’effondrement de l’Empire, le Romantisme est marqué par un sentiment de désenchantement, le « mal du siècle », et par son opposition à la tradition classique et au rationalisme des philosophes du XVIIIe siècle. Il a valorisé la sensibilité, la spiritualité chrétienne, et l’expression du moi. Egalement, il a affirmé une exigence de liberté et de modernité, et renouvelé les sources d’inspiration artistiques (intérêt pour le Moyen Âge, l’Orient, l’Europe du Nord).

Mais, le Romantisme ne se réduit pas à l’expression d’un malaise, ni même à la revalorisation du moi, de la personnalité de l’écrivain, censée garantir l’authenticité de son œuvre. Il a engagé un combat en faveur d’un élargissement et d’une libération de l’art qui a trouvé un prolongement dans le Naturalisme et dans la poésie de la deuxième moitié du XIXe siècle. Il a donc donné un élan décisif à l’évolution vers la modernité et contribué à faire de la littérature une expérience vitale, parfois une quête de soi.

Au milieu du siècle, la même exigence de modernité et de liberté a joué contre ce Romantisme, dont l’idéalisme et les clichés étaient devenus insupportables. D’ailleurs, le roman avait déjà été défini par Stendhal comme un « miroir » tendu à la société et par Balzac comme « l’histoire des mœurs », tandis que Flaubert et les Goncourt lui attachaient le culte du vrai. L’art s’oriente alors vers le Réalisme, nouvelle tendance littéraire qui, principalement dans le roman, vise à donner de la réalité une représentation exacte, complète et éclairante, en rejetant toute idéalisation et toute intention moralisatrice.

Le Naturalisme de Zola va lui aussi chercher à décrire son époque. Il y a vu une réserve de sujets poétiques car pour lui, « la poésie est partout », dans les villes, dans les foules de l’âge démocratique, dans le travail des hommes. En réaction contre la littérature romantique et idéaliste, le Naturalisme se propose, dans la lignée du Réalisme, de donner une image exacte et complète de l’homme et de la société.

La modernité poétique va, quant à elle, être exaltée par Baudelaire, qui demandait aux artistes de ne pas mépriser le monde moderne et sa prétendue laideur mais de « s’appliquer à en extraire la beauté mystérieuse ». En effet, Baudelaire se situe au carrefour de la poésie moderne. Héritier du Romantisme par son âme « triste et vagabonde », son goût du rêve et de l’ailleurs, il est aussi proche de l’art pour l’art pour son culte de la beauté. Il exprime dans Les Fleurs du mal (1857-1861) des angoisses personnelles, la nostalgie d’une innocence et d’un bonheur perdus, mais aussi de grands thèmes lyriques comme l’obsession du temps et la hantise de la mort.

Egalement, Baudelaire a manifesté un élan vers l’idéal que des « correspondances » secrètes unissent au monde réel et que des symboles cherchent à exprimer. Il est donc le père de la modernité poétique.

De fait, le Parnasse qui arrive, s’oriente directement dans la voie tracée par Baudelaire, même si ces poètes, Théophile Gautier et Leconte de Lisle en l’occurrence,  affirment la gratuité de l’art et incitent les poètes à rompre avec le lyrisme romantique. Selon Leconte de Lisle, le poète doit renoncer au « thème personnel » qui le conduit à s’exhiber devant la « plèbe carnassière » et réconcilier « l’art et la science ». Ce culte de l’art pour l’art, qui impliquait le refus de la confession comme de l’engagement, était d’ailleurs l’expression d’un malaise, d’une déception ressentie dans la vie sociale. Il a animé aussi bien un romancier comme Flaubert que les poètes parnassiens.

Le Symbolisme, sous des formes diverses, caractérise aussi la poésie moderne. Il privilégie l’image, souvent concrète, pour figurer un thème ou un sentiment de façon musicale, expressive et nouvelle. Verlaine note les sensations sur un mode musical qui vise l’ambiguïté et la dissonance pour mieux exprimer une mélancolie à la fois légère et profonde dans Poèmes saturniens (1866) et Fêtes galantes (1869). Mallarmé, dans Poésies (1887) exprime par le symbole une insatisfaction profonde,  une angoisse existentielle, mais aussi l’obsession de l’idéal, de l’œuvre pure, qui l’a conduit à vouloir régénérer le langage, jusqu’à l’hermétisme.

L’exigence de modernité exprimée par Baudelaire sera aussi affirmée par Rimbaud qui soulignait : « Il faut être résolument moderne ». C’est bien aussi une aventure du langage que la poésie a constituée pour lui. Rompant avec le Romantisme, il a rejeté la poésie sentimentale et cultivé en lui, jusqu’à la voyance, cet « autre » qu’est le poète. Pour Rimbaud « Je est un autre ». Il fait ainsi de la poésie une expérience où il engage sa vie comme dans Une saison en enfer (1873).  Rimbaud a, par ailleurs, libéré le vers français et étendu à la prose les pouvoirs de la poésie dans Illuminations (1886). Comme Lautréamont dans Les Chants du Maldoror (1869), Rimbaud incarne une forme de révolte absolue, mettant en cause la littérature elle-même.

 

CONCLUSION

En définitive, le XIXe siècle a favorisé la consécration du Roman, considéré jusque là comme un genre mineur, essentiellement destiné au divertissement et même dangereux par la place qu’il accordait aux aventures amoureuses et à la représentation d’une société immorale. En le rapprochant de la science, dont le prestige se développait au XIXe siècle, et en lui donnant, par la composition et l’écriture, une forme artistique, les romanciers l’ont fait reconnaître comme un genre respectable et capable de toucher un large public. Egalement, en ouvrant l’art à la modernité, le XIXe siècle a favorisé l’émergence de grandes écoles littéraires qui du Romantisme au Symbolisme, en passant par le Réalisme, le Naturalisme et le Parnasse ont fait avancer l’art d’un pas de géant.

 



09/11/2010

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